Historique de l'abattoir de Digne

Publié le par Gérard

 

Tout d’abord un bref historique, depuis la création de l’abattoir de Sisteron, au début des années 80, les abattoirs locaux ont presque tous fermé les uns après les autres. Cet abattoir, voulu et financé par la région (en partie) avait l’ambition d’être un des plus importants d’Europe, il est destiné exclusivement à la viande ovine. Pourquoi Sisteron ? Il est vrai que c’est une région de grosse production et il y a eu sûrement du copinage politique avec les élus locaux.

Les conséquences sur la filière ont été rapides : fermeture des autres abattoirs (soi-disant pas aux normes), il fallait que toute la production soit orientée vers Sisteron , ensuite arrivée d’agneaux d’autres régions et d’autres pays abattus là et vendus comme « agneaux de Sisteron ».


Le résultat pour les éleveurs outre la concurrence déloyale (et frauduleuse) a été une perte de maîtrise de la commercialisation de leurs produits au profit des grossistes et chevillards qui n’ont aucun état d’âme par rapport à l’avenir de l’élevage dans leur pays.

A l’époque où faire des kilomètres est devenu une religion, ces gens-là ont pris le contrôle des abattoirs et du marché essentiellement tourné vers les grandes surfaces. Les éleveurs n’avaient plus qu’à attendre à l’entrée de leur bergerie pour se faire tondre.

Heureusement, quelques petits abattoirs ont résisté, souvent grâce à des soutiens politiques. Dans le Var où l’économie est entièrement vouée au tourisme, le problème a été vite réglé, ils ont tous fermé. Quand un nouveau projet émerge, l’administration nous parle très vite de rentabilité. Il faut savoir que l’abattoir de Sisteron n’est pas « rentable », il est régulièrement renfloué par de l’argent public et ses employés sont des employés municipaux.

Pour nous un abattoir est un service public et sa rentabilité, s’il doit y en avoir une, est sociale.

L’abattoir de Digne a été mis aux normes européennes et maintenu ouvert au moment où Jean-Louis Bianco a été parachuté à la mairie. C’est un abattoir multi-espèces utilisé par des grossistes et des éleveurs. Ils étaient jusqu’à maintenant en SARL qui, suite à des problèmes de gestion importants, a été obligée de déposer le bilan.

Entre temps, grâce à la volonté du Pays Dignois, de la Chambre d’Agriculture 04 et d’un petit groupe d’éleveurs qui désiraient faire de la vente directe, un atelier de découpe a été créé dans les locaux de l’abattoir.

Cet atelier a été entièrement financé par des fonds publics (Etat, Pays Dignois).

La gestion a été confiée à une SARL composée principalement de 18 éleveurs qui ont pris chacun une part de 1000 € pour constituer le capital social.

Le nombre de parts est limité à une par personne ou association ou société, donc c’est une part = une voix.

Suite à la faillite de la SARL d’abattage, la SARL de découpe a repris la gestion de l’abattoir. On comprend facilement que l’abattoir était indispensable à l’atelier de découpe et que cette nouvelle activité a relancé l’ensemble.

Forte de ce succès, la SARL abattage-découpe a ouvert son capital à de nouveaux membres.

Pour le moment, trois AMAP ont pris des parts. L’idée étant de soutenir l’initiative, l’implication des consommateurs est importante dans ce genre de structure pour mettre en évidence le maintien d’un commerce de proximité et de qualité. C’est aussi un soutien aux éleveurs qui à tout moment peuvent se retrouver face aux gros faiseurs qui seraient tentés de récupérer l’outil, voire même de le faire couler !

Tout ceci est bien dans notre combat pour le maintien d’une agriculture paysanne.

La volonté politique des décideurs locaux est aussi un facteur important pour la survie de ce genre de structure.

Dans ce genre d’installation, les investissements sont souvent très élevés et doivent être effectués par de l’argent public, ensuite les utilisateurs payent pour les services abattage et découpe.

Une bonne gestion permet de payer les salariés et les charges. Un paysan-éleveur à la retraite a été nommé comme gérant, à nous d’être vigilants, de participer par notre soutien à cette gestion pour éviter les dérives et pour garder la maîtrise d’un outil au service de tous.

P.S : L’atelier de découpe a ouvert à l’automne 2007, avec une gestion indépendante de l’abattoir, gestion saine et transparente jusqu’à maintenant avec un boucher très compétent.

 

 

 

Francis GIRARD


 

Publié dans amap

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